9
- les oscillations à faible fréquence (entre 0.2 et 2 Hz) se produisent dans les systèmes
de puissance à cause de l’insuffisance des couples d’amortissement agissant sur les
rotors des générateurs.
- les oscillations apparaissent principalement dans le système sous deux formes :
o les oscillations des modes locaux, associées principalement à un générateur et
ses contrôleurs.
o les oscillations des modes interrégionaux, associées à un groupe de générateurs
et aux propriétés du système (configuration de son réseau de transport,
écoulement de puissance, …).
- les oscillations des rotors des générateurs entraînent des fluctuations sur des variables
électriques (tensions, puissances actives et réactives, fréquence,…), d’où l’origine de
leur nom : oscillations électromécaniques.
- le régulateur de tension AVR (Automatic Voltage Regulator) du système d’excitation
générateur, est pratiquement la seule source responsable d’oscillations dans le
système.
- après avoir déterminé les sources d’oscillations, il est évidemment souhaitable
d’identifier, pour des raisons économiques et de fiabilité, les points les plus efficaces
pour ajouter les dispositifs d’amortissement nécessaires.
Depuis les années soixante, les processus d’interconnexion entre les systèmes de
puissance ont fortement augmentés et les réseaux de transport se sont étendus sur de régions
vastes. En outre, la libération du marché de l’électricité a entraîné des augmentations du
chargement des réseaux de transport.
Cette évolution s’est accompagnée de la réapparition du problème des oscillations. Les
raisons de cette réapparition peuvent se résumer comme suit (Dandeno et al., 1968; Farmer,
2006) :
- l’utilisation de régulateurs de tensions caractérisés par des réponses rapides et des
gains élevés (nécessaires pour améliorer la stabilité transitoire) augmente la
potentialité d’amortissement négatif.
- les enroulements amortisseurs ne sont plus suffisamment efficaces dans les systèmes
interconnectés à cause de la haute impédance extérieure vue de ces systèmes.
- l‘augmentation du nombre des contrôleurs automatiques mis en service dans les
systèmes augmente la probabilité d’interactions néfastes entre les contrôleurs.
- les petites oscillations produites dans chaque générateur, éventuellement non-
significatives à titre individuel, peuvent accroître l’impact négatif des oscillations des
lignes d’interconnexion étendant sur le système.
- les oscillations électromécaniques entraînent des contraintes mécaniques importantes,
voire dangereuses, sur les masses tournantes des générateurs.
Dans ces nouvelles conditions, les oscillations représentent un problème important des
grands systèmes de puissance. Le problème de ces oscillations est ainsi redéfini par leur rôle
important dans la stabilité de l’angle de rotor aux petites perturbations (appelée stabilité
dynamique) pouvant conduire à la perte de synchronisme et à une restriction de la puissance
transmissible dans le système. Ainsi, l’amélioration de la stabilité aux petites perturbations, en
particulier l’amortissement des oscillations interrégionales, devient de plus en plus très
importante (Samouhi, 1983; Sadeghzadeh, 1998; Snyder, 1999; Roosta, 2003).
10
Pour surmonter le problème des oscillations électromécanique et améliorer
l’amortissement du système, des signaux supplémentaires stabilisateurs sont introduits dans le
système d’excitation via son régulateur de tension. Ces signaux stabilisateurs vont produire
des couples en phase avec la variation de vitesse de générateur pour compenser le retard de
phase introduit par le système d’excitation. Les stabilisateurs de puissance (Power System
Stabilizers, PSSs), grâce à leurs avantages en terme de coût économique et d’efficacité, sont
les moyens habituels, non seulement pour éliminer les effets négatifs des régulateurs de
tension, mais aussi pour amortir les oscillations électromécaniques et assurer la stabilité
globale du système (DeMello et al., 1978; Larsen et al., 1981, I).
Conventionnellement, pour régler les paramètres du PSS, les équations du modèle non-
linéaire du système sont linéarisées autour du point de fonctionnement et les techniques de
contrôle linéaire sont ensuite appliquées. Les paramètres du PSS sont alors fixés à certaines
valeurs correspondant à des conditions de fonctionnement données. Il est important de se
rappeler que les paramètres du générateur varient avec la charge : le comportement
dynamique de la machine variant suivant les points de fonctionnement. Les PSSs doivent
donc être réglés et coordonnés de sorte que la stabilité globale du système soit garantie pour
une grande variété de points de fonctionnement.
En outre du problème de réglage des PSSs, le choix de leur emplacement représente un
facteur critique pour obtenir une performance optimale de stabilisation. Un PSS peut être
"bien" réglé pour améliorer l’amortissement d’un mode, mais il peut produire des effets
nuisibles pour d’autres modes. En outre, des emplacements différents entraînent des
oscillations différentes selon les points de fonctionnement.
Dans de nombreuses recherches, l’emplacement des PSSs est choisi avant d’aborder
l’analyse des méthodes possibles de réglage. La méthode des facteurs de participation (FP)
était intensivement utilisée pour identifier les endroits de placement possibles des PSSs
(Abdel-Magid et al., 1999; Do Bomfim et al., 2000; Abdel-Magid et al., 2003).
En général, un nombre trop important ou un mauvais positionnement des PSSs peut
entraîner un dysfonctionnement du système. Il est donc essentiel de "bien localiser" et de
choisir un nombre adéquat de PSSs pour réduire ces effets indésirables.
Dans la littérature, différentes approches utilisant l’algorithme génétique (AG) ont été
proposées pour le réglage robuste des PSSs dans les réseaux multimachines (Abdel-Magid et
al., 2003; Hongesombut et al., 2004; Rashidi et al., 2004; Hongesombut et al., 2005; Panda et
al., 2007). L’avantage des AG par rapport aux autres techniques d’optimisation est leur
indépendance par rapport à la complexité des problèmes. De plus, il travaille sur un ensemble
de points (une population) et non sur un seul point. L’AG est donc une méthode
d’optimisation globale.
Le PSS est toujours considéré comme un moyen efficace pour l’amortissement des modes
électromécaniques locaux, mais en même temps son rôle dans l’amortissement des modes
interrégionaux reste toujours considéré comme faible. L’objectif de notre travail est ainsi
d’assurer un amortissement maximum des modes interrégionaux aussi bien que des modes
locaux. Pour atteindre cet objectif, nous proposons un réglage optimal des PSSs avec la
meilleure localisation possible et le nombre le plus faible de PSSs. Ceci permet d’assurer un
amortissement satisfaisant des oscillations rotoriques et de garantir la stabilité globale du
système pour différents points de fonctionnement. Nous avons donc développé un programme
11
d’AG avec une fonction multiobjectif, basée sur l’analyse des valeurs propres du système
(partie réelle de la valeur propre et facteur d’amortissement).
Pour vérifier les performances de la méthode proposée, nous avons analysé un réseau
multimachines comportant 16 générateurs et 68 nœuds (New England/ New York), (Rogers,
2000).
Pour évaluer les résultats obtenus, nous appliquons une méthode d’analyse dans le
domaine complexe, à savoir la méthode des valeurs propres, pour déterminer les différents
modes du système. Cette analyse donne des informations importantes sur la stabilité du
système en indiquant la présence des modes mal ou non-amortis. En outre, l’origine de ces
modes peut également être déterminée. L’analyse de la stabilité a été complétée par
simulation du modèle non-linéaire originel dans le domaine temporel.
Le premier chapitre de notre thèse concerne la modélisation générale d’un système de
puissance adapté à l’étude de la stabilité angulaire aux petites perturbations. Il présente
également l’analyse par valeurs propres et l’analyse modale basées sur la linéarisation du
modèle.
Dans le deuxième chapitre, nous avons fait un rappel de la stabilité au sens de Lyapunov.
Nous avons également rappelé les caractéristiques des différents types de stabilité d’un
système de puissance. Ensuite, nous avons étudié en détail la stabilité angulaire aux petites
perturbations avec les stabilisateurs de puissance (PSSs).
Le troisième chapitre concerne une présentation théorique des algorithmes génétiques, qui
est la méthode d’optimisation utilisée dans ce travail.
Le quatrième chapitre présente le réseau test étudié (réseau multimachines interconnecté
de New England/New York). L’approche proposée est également présentée. Son objectif est
d’améliorer l’amortissement des oscillations électromécaniques (associées aux modes globaux
et locaux). Pour ce faire, nous proposons une optimisation globale des paramètres, de la
localisation et du nombre des PSSs nécessaires pour assurer une performance robuste. Nous
avons aussi analysé la réaction du système (en modèle linéaire et non-linéaire) lors de
l’application de plusieurs scénarios sévères (analyse et discussion des résultats).
Enfin, le cinquième chapitre se propose d’améliorer la performance de l’optimisation et
l’accélération de la convergence d’un AG. Lors de l’optimisation du problème, cette approche
permet d’adapter au processus d’optimisation l’espace de recherche en lui assurant des
contraintes dynamiques adaptatives.
12
Chapitre I
Modélisation du système
de puissance
13
1.1- Introduction.
Un grand réseau électrique (appelé aussi système de puissance) se compose d’éléments
(générateurs, transformateurs, lignes,…), plus ou moins nombreux selon la taille du réseau,
interconnectés, formant un système complexe capable de générer, de transmettre et de
distribuer l’énergie électrique à travers de vastes étendues géographiques, figure (1). Un
modèle mathématique typique non-réduit d’un "grand" système peut contenir jusqu’à 15000,
voire plus, variables d’état (Farmer, 2006). Ainsi, les systèmes de puissance modernes sont
caractérisés par taille et complexité croissantes. Plus la dimension d’un système de puissance
augmente, plus les processus dynamiques et l’analyse des phénomènes physiques sous-jacents
sont complexes. Outre leur taille et leur complexité, les systèmes de puissance présentent un
comportement non-linéaire et variant dans le temps. Les non-linéarités peuvent être
introduites par des éléments à fonctionnement discontinu tels relais, thyristors, …, par des
éléments avec hystérésis ou saturation,… . De nos jours, cette complexité structurelle impacte
de plus en plus l’évolution des problèmes de stabilité et des phénomènes dynamiques dans les
systèmes de puissance interconnectés.
Figure 1. Les différents niveaux d’un système de puissance.
Les grandes composantes d’un système de puissance peuvent être représentées par un
schéma blocs comme le montre la figure (2), (Sauer et al., 1998). Cette représentation ne
montre pas toutes les interactions dynamiques entre les éléments et leurs contrôles, mais elle
peut servir à une description générale pour les structures dynamiques.
L’étude de la performance dynamique d’un système de puissance est très importante pour
les opérateurs du système (point de vue économique) et la société en général (point de vue de
fiabilité). Une étape essentielle dans ce type d’étude est de comprendre physiquement et
mathématiquement les phénomènes dynamiques d’intérêt. Ensuite, la modélisation et la
simulation effectuées du système peuvent refléter son comportement critique.
Production
Transport
Distribution
Charges
14
Figure 2. Structure générale d’un système de puissance.
1.2- Les phénomènes dynamiques.
Dans un système de puissance une grande variété de phénomènes dynamiques différents
est susceptible de se produire. Ces phénomènes dynamiques ont des caractéristiques et des
origines physiques diverses et se produisent dans des gammes de temps différentes.
Un phénomène dynamique est généralement initié par une perturbation, une action d’un
contrôleur, une manœuvre de protection,... .
Selon le niveau de la perturbation d’origine, nous pouvons distinguer deux classes de
phénomènes dynamiques :
- les "petites" perturbations. Il s’agit de fluctuations normales, de faible amplitude, des
grandeurs électriques ou mécaniques ; (par exemple, variation continue de charge).
Ces phénomènes se manifestent habituellement dans le système par de faibles
oscillations transitoires souvent peu amorties.
- les "grandes" perturbations. Ce type de perturbation correspond, par exemple, à un
court-circuit sur une ligne de transmission, à la perte d’un générateur,... . Elles
exciteront par contre des oscillations importantes.
Afin de mieux comprendre les mécanismes d’instabilité des systèmes de puissance, les
divers phénomènes dynamiques doivent être définis et classés. Si l’on tient compte de leurs
ω
Système de la
force motrice
Charges
D
’
a
u
t
r
e
s
s
y
s
t
è
m
e
s
R
é
s
e
a
u
d
e
t
r
a
n
s
p
o
r
t
D’autres
générateurs
Générateur
Régulateur
de tension
V
Régulateur
de fréquence
Contrôle de
la source
d’énergie
Signaux de contrôle de la
puissance de génération désirée
Source
d’énergie
Puissance de
génération
Puissance
transmise
Système de contrôle central
Fréquence du
système
Programmation
de puissance
de transmission
Fréquence de
référence du
système
15
caractères physiques ainsi que de leurs plages de réponse temporelles, les phénomènes
dynamiques sont habituellement divisés en quatre groupes (Machowski et al., 1998).
1.2.1- Les phénomènes de propagation.
Ils se produisent dans les lignes de transmission haute tension de grande longueur et
correspondent à la propagation des ondes électromagnétiques provoquées par des coups de
foudre ou des opérations de coupure/fermetures. La gamme de temps de la dynamique de ces
phénomènes va de la microseconde à la milliseconde. Ils possèdent les dynamiques les plus
rapides.
1.2.2- Les phénomènes électromagnétiques.
Ils ont lieu principalement dans les enroulements des générateurs et des moteurs
(enroulements armatures et amortisseurs) et dans les dispositifs électroniques de puissance. Ils
découlent d’une perturbation (tel un court-circuit), d’une opération d’un système de
protection, d’une commutation (thyristors, …), ou d’une interaction entre les machines
électriques et le réseau.
Ces phénomènes génèrent des courants et des couples élevés à l’intérieur des générateurs,
sur une échelle de temps typique de plusieurs millisecondes. Au-delà de ce laps de temps, les
inerties de la turbine et du générateur sont suffisantes pour empêcher toute variation
importante de vitesse de rotor.
1.2.3- Les phénomènes électromécaniques.
Les phénomènes électromécaniques impliquent principalement les champs de rotors, les
enroulements amortisseurs et les inerties des rotors. Ils sont principalement dus aux
mouvements des masses tournantes des générateurs et des moteurs. Ils se produisent à la suite
d’une perturbation, d’une opération de commande sur le système de contrôle de tension ou sur
le contrôle de la turbine. La gamme de temps de ces phénomènes s’étend environ d’une
seconde à plusieurs secondes. Cette échelle de temps est considérée suffisamment grande pour
que les phénomènes soient influencés par la turbine et les systèmes de commande de
générateur. Dans cette gamme de temps, les variations de vitesse de rotor couplées aux
variations électromagnétiques produisent alors des effets électromécaniques.
1.2.4- Les phénomènes thermodynamiques.
Les phénomènes thermodynamiques se développent dans les chaudières des centrales
thermiques lors de la demande de commande automatique de génération, mise en application
suite à une perturbation d’équilibre entre la production et la consommation de puissance. Ils
s’étendent de quelques dizaines de secondes à quelques dizaines de minutes : ils présentent
ainsi les dynamiques les plus lentes.
La figure (3) montre la classification des phénomènes dynamiques expliquée ci-dessus.
Une "bonne" compréhension physique et mathématique du système et des phénomènes
associés permet de mieux comprendre la modélisation et la simulation du système à refléter
les comportements critiques de ce dernier. Le paragraphe suivant définit le modèle
mathématique utilisé et ses éléments.