9
« guerre civile » ; « guérilla » ; « révolution anti-impérialiste » ; « terrorisme » ;
« conflits de basse intensité » ; mais aussi « conflits asymétriques »
3
.
Au cours des travaux, nous verrons que l’émergence, puis l’explosion des
technologies de l’information et de la communication ont joué un rôle essentiel dans
l’érosion de la notion de souveraineté nationale et dans l’apparition de nouveaux
acteurs sur la scène internationale. Elles ont, en outre, transformé la notion de
pouvoir : d’un concept essentiellement matériel et quantifiable ou «capacitaire», il a
pris progressivement un aspect plus immatériel et plus dépendant de la capacité
d’acquérir et de conserver le soutien de l’opinion publique et des marchés. En même
temps, sur un plan militaire, les technologies de l’information et de la communication,
au sens commandement du terme, permettent d’acquérir une vision commune du
théâtre d’opérations et donc une réactivité et une efficacité accrue des forces face à
toute évolution de la situation. En d’autres termes, ces technologies confèrent un
avantage dans le temps et dans l’espace sur l’adversaire qui doit permettre d’acquérir
et de conserver la liberté d’action et l’initiative stratégique.
Le développement technologique implique une révolution dans les affaires militaires
mais également une évolution de l’environnement social, économique et politique.
Aujourd’hui, le pouvoir repose désormais sur un autre pilier que les seules
ressources matérielles. Il trouve dans les aspects immatériels liés à la manipulation
des informations – rendue de plus en plus facile grâce au développement des
technologies de l’information et de la communication – un nouveau champ d’action. La
relative nouveauté de cette problématique et ses aspects multiformes nous ont conduit,
3
La partie centrale de cette thèse est dédiée à l’analyse du phénomène « conflits
asymétriques ». Pour le moment nous nous sommes limités à introduire ce terme afin de
permettre au lecteur de mieux comprendre le cadre général dans lequel s’inscrit l’analyse de
cette thèse.
10
dans le cadre de cette thèse de doctorat, à étudier le rôle des technologies de
l’information et de la communication (TIC) dans le cadre des formes conflictuelles qui
opposent des Etats-nations à des organisations non étatiques et qui sont basées sur
une stratégie de metis.
Cette thèse s’inscrit dans le domaine «géopolitique et technologie». Ce nouveau
secteur d’étude des sciences sociales s’efforce de comprendre comment le
développement technologique s’inscrit dans le contexte des relations de pouvoir entre
acteurs politiques. En effet, l’originalité de cette thèse réside dans son approche qui
vise à évaluer l’impact du développement des nouvelles technologies sur les modes de
confrontation des différents acteurs de la scène internationale.
LES HYPOTHESES DE BASE
«Tant que l’on n’a pas trouvé le moyen d’appliquer les critères scientifiques à
l’information, il sera préférable de se renseigner auprès de personnes qui avouent
ouvertement leurs préjugés.»
4
.
Humblement, il nous paraît important «d’avouer ouvertement nos préjugés» et les
hypothèses sur lesquelles ce travail d’analyse est bâti. L’intervention de la subjectivité
est inévitable, même si nous nous sommes efforcés de donner une vision
gnoséologique et impartiale.
En premier lieu, nous postulons que l’objectif principal de toute action politique, sur
un plan national ou international, est la conquête puis la conservation du pouvoir
considérée comme nécessité impérieuse pour garantir sa propre sécurité et sa survie.
4
Vladimir Volkoff, Petite histoire de la désinformation, éditions du Rocher, Monaco, 1998, p.
206.
11
Nous définissons le pouvoir comme la possibilité et la capacité d’influencer les
décisions des autres acteurs politiques. Cette influence peut s’exercer à travers un
éventail de moyens qui va de la libre adhésion à la coercition fondée sur l’utilisation de
la force ou de la violence
5
. En parallèle, nous pouvons définir la puissance comme les
processus qui mettent en œuvre la force, c’est-à-dire les moyens – matériels et
immatériels – permettant d’acquérir et de conserver un certain niveau de pouvoir sur la
scène internationale.
En second lieu, nous supposons que chaque acteur international fixe ses objectifs
de politique internationale en fonction de ses intérêts vitaux
6
, stratégiques
7
et de
puissance
8
.
Nous admettons, en troisième lieu, que les relations entre acteurs internationaux
sont, dans la majorité des cas, de nature conflictuelle. «Les unités politiques, fières de
leur indépendance, jalouses de leur capacité de prendre seules les grandes décisions,
sont rivales par le fait même qu’elles sont autonomes»
9
.
En quatrième lieu, dans le cadre de cette thèse, l’adjectif «asymétrique», qui sera
longuement discuté et défini tout au long de ce document, ne porte, en aucun cas, un
jugement de valeur sur les acteurs internationaux.
5
A ce propos la controverse entre les écoles réaliste et transnationaliste est intéressante. Par
exemple, dans les années 1970, autant Aron a mis en évidence dans toutes ses analyses le
rôle de la coercition dans les relations internationales, autant Robert Kehoane et Joseph Nye
ont insisté sur le rôle essentiel de la libre adhésion. En même temps, il demeure très difficile de
trancher entre ces deux visions car à travers les techniques de manipulation des perceptions et
de désinformation, il est possible de forcer une libre adhésion, sans même utiliser la violence.
6
Ce qui est nécessaire à sa survie.
7
Ce qui permet d’être pris en considération par les autres acteurs internationaux.
8
Ce qui est nécessaire pour accroître son pouvoir par rapport à d’autres acteurs définis.
9
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, Paris, 1984, p. 82.
12
En cinquième lieu, nous supposons que les conflits sont intrinsèquement liés aux
relations internationales car ils servent «à établir et à maintenir l’identité et les limites
des sociétés et des groupes»
10
.
En sixième lieu, nous ne considérerons les choix stratégiques qu’à un moment
déterminé et non pas dans la durée. En effet, la disponibilité des ressources de chacun
des acteurs varie au cours du temps, et nécessite une réévaluation de la situation, ce
qui conduit immanquablement à ce que le choix initial soit reconsidéré pour être
confirmé ou au contraire infirmé. Un choix est un processus instantané. Dans ce cadre,
nous considérons toute évolution du choix comme étant articulé autour de séquences
qui engagent le décideur et qui dépendent de son seul jugement. Dans cette thèse,
nous nous efforcerons d’approfondir les raisons des choix stratégiques à chaque
instant du conflit. Nous laissons à un travail ultérieur la tâche d’analyser la dynamique
temporelle des conflits asymétriques.
Sur la base de telles hypothèses, nous avons construit ce travail de thèse. Après
avoir posé la problématique du rôle des technologies de l’information et de la
communication dans les relations internationales, nous avons examiné les conflits
asymétriques afin de démontrer que, même si c’est la volonté de l’homme qui est au
cœur des relations internationales et des conflits asymétriques, les technologies de
l’information ont conduit à une révolution dans le domaine militaire de la planification et
de la conduite des opérations qui a fortement impacté les conflits asymétriques.
10
Lewis A. Coser, Les fonctions du conflit social, PUF, Paris, 1982, p. 23.
13
LA METHODOLOGIE
Ce travail se situe au croisement des domaines liés à l’ingénierie, à la stratégie
militaire et aux sciences sociales où chacune de ces matières a développé ses
méthodes et son vocabulaire propre. Dans ce contexte, nous nous sommes attachés à
déterminer une approche aussi commune que possible à ces différents secteurs et à
leur donner les moyens d’échange au travers d’une sémantique et de modèles
appropriés. Par conséquent, il a été nécessaire de trouver un compromis entre la
volonté de conserver une vue globale et pluridisciplinaire tout en cherchant à
approfondir les différentes thématiques étudiées.
Cette démarche a notamment demandé un effort non négligeable de recherche sur
le langage : certains termes couramment utilisés par les experts d’un domaine peuvent
surprendre voire induire en erreur les spécialistes d’un autre secteur. Par exemple,
l’expression « bataille des capacités » fait partie du langage courant dans les états-
majors français pour faire référence à un affrontement basé sur les moyens techniques
plus que sur la volonté politico-militaire, tandis que la même expression dans un
contexte juridique ou économique n’a aucun sens.
La question de la sémantique est donc primordiale comme le montre le nombre
impressionnant de glossaires techniques aux définitions hélas souvent divergentes.
Dans le même temps, le domaine militaire et celui des systèmes d’information et de
communication sont très riches en acronymes qui font désormais partie du jargon
technique de ces domaines. Cela implique qu’un travail scientifique ne peut pas se
soustraire à l’utilisation de ces acronymes, même si parfois le même acronyme peut
avoir deux significations différentes. Le glossaire de cette thèse a été créé pour
permettre à un lecteur néophyte du domaine militaire et des technologies de
14
l’information et de la communication de pouvoir trouver facilement la signification des
acronymes les plus utilisés dans cette thèse.
D’autre part, on ne peut échapper à la difficulté de traduire des textes et des
acronymes étrangers tout en restant fidèle aux concepts qu’ils développent tant dans
leurs aspects sémantiques que culturels. Une langue est, en effet, l’expression d’une
civilisation ; pour cette raison, l’exercice de traduction se révèle parfois extrêmement
difficile car la signification des mots dépend non seulement de la culture de celui qui
les prononce, mais également de celui qui les entend
11
.
De plus, les traditions politiques, économiques et militaires diffèrent d’un pays à
l’autre. Par exemple, le domaine des technologies de l’information et de la
communication doit beaucoup à la pensée stratégique américaine, même si c’est Sun
Tsu (4
ème
siècle av. J.C.) qui, le premier, a souligné l’importance de l’information dans
la stratégie militaire. Cela explique notamment pourquoi cette thèse utilise des
concepts et des notions issus de la réflexion stratégique américaine.
Enfin, pour différencier des guerres particulières du phénomène « guerre », nous
avons choisi d’utiliser les majuscules dans le premier cas. Ainsi, nous trouverons tout
au long de cette thèse le mot « guerre » et ses synonymes en lettres minuscules et les
expressions suivantes comme s’elles étaient des prénoms : « grande guerre »,
« deuxième guerre mondiale », « guerre froide », « guerre du Vietnam », « guerre du
Golfe », etc.
Dans ces conditions, conscients de la difficulté de donner un nom précis aux
événements, aux acteurs et aux phénomènes, nous nous sommes efforcés d’être
cohérent et de nous reposer autant que possible sur les définitions juridiques de ces
15
notions ou, à défaut, de celles qui réunissent le plus grand consensus, comme par
exemple, les définitions des documents officiels de l’organisation du traite de
l’Atlantique Nord (OTAN)
12
.
Sur un plan bibliographique, nous avons préféré nous appuyer davantage sur la
documentation officielle et sur les ouvrages relatant le retour d’expérience d’acteurs
ayant participé directement à des conflits asymétriques au détriment parfois des
interprétations qu’ont pu en faire des chercheurs et ce afin de rester le plus proche
possible des « hommes de terrain » à qui cette thèse est destinée. De même, les notes
bibliographiques ne présentent que rarement la référence « ibid. », afin de permettre
aux « utilisateurs » de trouver plus facilement l’ouvrage de référence. Enfin, les auteurs
vivants ont été cités par leur nom et prénom et les autres seulement par leur nom afin
de faciliter encore plus la tâche de situer dans le temps les différentes références. Tout
cela est fait dans le but de permettre à cette thèse d’être un « document vivant » et
donc de rester susceptible d’être modifiée au gré des remarques de ceux qui, au jour le
jour, se consacrent à la lutte contre la menace nouvelle que représentent les conflits
asymétriques.
Le lecteur remarquera qu’au cours de ce travail, nombre de considérations
s’appuient sur des modèles, qui, par définition sont discutables. Il est difficile pour ne
pas dire impossible de modéliser de façon satisfaisante et complète une situation réelle
dans toute sa complexité, en la rendant cependant suffisamment intelligible pour
permettre une étude rigoureuse tout en étant en mesure d’évaluer le domaine de
11
Un exemple peut aider à mieux comprendre. Le mot « froid » a une signification différente en
Afrique par rapport au Pôle Nord, et ça change aussi d’une personne à l’autre.
12
Alliance militaire établie en 1949 pour contrer la menace soviétique. Après la fin de la Guerre
Froide elle s’est élargie pour inclure des pays anciennement communistes. Elle représente
aussi un forum pour la standardisation des procédures et des systèmes de défense des états
16
validité des résultats obtenus. Ainsi, afin d’appréhender plus facilement les conflits
asymétriques, nous avons développé un modèle d’interprétation de la réalité fondé sur
les trois catégories d’acteurs internationaux suivants : les acteurs puissants qui ont un
intérêt à maintenir la situation internationale telle qu’elle est ; les acteurs trublions qui
veulent modifier leur position sur la scène internationale et qui, à cette fin, recourent à
la violence, et les acteurs opportunistes qui ne s’intéressent qu’à l’augmentation de
leur bien-être.
13
.
Comme l’affirme John Warden
14
, «nous employons tous des modèles
quotidiennement et nous avons appris qu'ils ne reflètent pas la réalité. Cependant, ils
nous donnent une image compréhensible d'un phénomène complexe de sorte que
nous puissions l'étudier. Les meilleurs modèles au niveau stratégique sont ceux qui
nous donnent l’image la plus simple possible. Quand nous avons besoin de plus de
détails, nous développons des parties de notre modèle de manière à voir des détails
de plus en plus fins. Dans tous les cas, il est important qu’en construisant et en utilisant
notre modèle, nous partions toujours du général vers le particulier
15
»
16
.
européens et nord-américains. Ces normes sont aussi prises en compte par d’autres pays alliés
des Etats-Unis.
13
Ce modèle sera approfondi au cours de cette thèse.
14
John Warden est un général à la retraite de l’Armée de l’air américaine. Nous aurions pu faire
référence à d’autres auteurs ou à d’autres ouvrages, comme par exemple Michel Monroy, Anne
Fournier, Figure du conflit – Une analyse systémique des situations conflictuelles, PUF, Paris,
1998. L’expérience militaire de John Warden et l’application de son analyse à la Guerre du
Golfe du 1991 et aux autres campagnes aériennes américaines, nous ont fait préférer cette
référence à d’autres.
15
Il s’agit d’une traduction de l’auteur. Le texte original est le suivant : « We all use models daily
and we all understand that they do not mirror reality. They do, however, give us a
comprehensible picture of a complex phenomenon so that we can do something with it. The
best models at the strategic level are those that give us the simplest possible big picture. As we
need more detail, we expand portions of our model so that we can see finer and finer detail. It is
important, however, that in constructing our model and using it, we always start from the big and
work to the small. »
16
John A. Warden III, The Enemy as a System, Air Power Journal, Maxwell AFB, Etats-Unis,
printemps 1995.
17
Conscient des avantages et des limites de l’utilisation des modèles pour l’analyse
des sciences sociales, nous nous sommes efforcés de suivre la méthodologie
suggérée par John Warden.
Enfin, nous limiterons notre analyse aux conflits asymétriques qui n’interviennent
qu’entre les acteurs «puissants» et les acteurs «trublions». Nous n’analyserons pas les
interactions entre acteurs appartenant à la même catégorie. Il reste cependant possible
de transposer la méthode d’analyse des relations entre ces trois catégories d’acteurs
aux relations « internes » à chacune de ces catégories.
Pour conclure sur la méthodologie, il nous semble important de souligner qu’il est
possible d’aborder la problématique des conflits asymétriques
17
selon plusieurs points
de vue. Dans cette thèse nous avons choisi de mettre l’accent sur le rôle grandissant
qu’y jouent les informations et, par conséquent, les technologies de l’information et de
la communication dont le développement au cours des cent dernières années a non
seulement changé la donne stratégique, mais également fait évoluer les stratégies et
les modes d’action mis en œuvre.
L’ORGANISATION DES TRAVAUX
Cette thèse s'articule en trois parties qui, respectivement, visent à décrire le rôle des
technologies de l'information et de la communication dans l'évolution des relations
internationales et des conflits et à en modéliser les acteurs (partie 1), à définir et
modéliser les conflits asymétriques (partie 2) avant d’étudier les effets de la révolution
Cet article a été consulté le 12 décembre 2002, il est disponible sur le site Internet :
http://www.airpower.maxwell.af.mil/airchronicles/apj/spr95.html.
17
Nous définirons ce terme dans le cadre des travaux. A ce stade, une signifaction intuitive des
conflits asymétrique suffit .
18
des technologies de l'information et de la communication sur les conflits asymétriques
(partie 3).
Au cours de ce travail, nous nous efforcerons de mettre en évidence les différentes
« révolutions » engendrées par les technologies de l'information et de la
communication (TIC) dans le domaine des relations internationales en général et dans
le domaine militaire en particulier. Non seulement elles ont modifié la façon de
conduire les opérations militaires, mais elles facilitent les actions sur la volonté de
l’adversaire, car elles permettent de manipuler les informations qui sont au cœur du
processus de prise de décision.
Nous avons notamment remarqué que le développement technologique profite à
tous les belligérants. En 1948, Rougeron
18
faisait déjà remarquer que «en même temps
que les progrès de l'armement individuel avantagent, en définitive, les fauteurs de
désordre, les progrès de l'armement collectif et les transformations corrélatives de son
organisation accroissaient la vulnérabilité de l'armée régulière.»
19
. Il s’avère que cette
constatation reste valable pour les TIC car d'une part, elles profitent aux fauteurs de
troubles, et d'autre part elles créent une nouvelle source de vulnérabilité chez les
acteurs qui en sont dépendants.
Pour développer cette idée nous avons choisi de commencer les travaux en
montrant l’importance de l’information dans toute action, puis en définissant la notion
de TIC avant d’en proposer une typologie (chapitre 1). Le développement des médias,
18
Camille Rougeron, ingénieur du génie maritime, journaliste et écrivain, a écrit des milliers
d’articles et une douzaine de livres de stratégie entre 1924 et 1980. Sa pensée militaire
originale a presque toujours pris le contre-pied des doctrines officielles et en particulier des
choix d’armement de la France, du cuirassé dans les années vingt et trente, à l’arme nucléaire
sous la 5
ème
République. Ses prises de position, étayées par une analyse extrêmement détaillée
des conflits contemporains, insistent sur l’adaptabilité permanente qu’exige la guerre moderne.
19
Camille Rougeron, La prochaine guerre, Editions Berger-Levault, Paris, 1948, p. 229.
19
de l'informatique et des systèmes de communication n’a pas été sans effet sur les
relations internationales. Nous nous sommes donc attachés à les identifier avant de
proposer deux modèles visant respectivement à représenter la posture des différents
acteurs qui participent à un conflit et à décrire chacun de ces acteurs (chapitre 2).
Enfin nous nous sommes attachés à dresser une carte aussi précise que possible
de ce que représente la notion parfois floue de « guerre de l’information » en voyant
comment cette ressource est conquise ou au contraire protégée (chapitre 3).
Dans la deuxième partie, nous avons développé l'analyse et la modélisation des
conflits asymétriques. Dans le chapitre 4, nous avons mis en évidence le fait que les
conflits asymétriques ne sont pas un phénomène nouveau, mais la formalisation du
concept date des années 60 et est liée au développement des TIC.
Dans le chapitre 5, nous avons proposé deux interprétations différentes des conflits
asymétriques : celle du ministère américain de la Défense et celui de l'état-major
français. Pour finalement en proposer une synthèse qui servira de base à la suite de
nos travaux (chapitre 6).
Enfin, dans le chapitre 7, nous montrons que les conflits asymétriques sont une
forme particulière de guerre qui répond aux mêmes principes que les conflits
conventionnels, même si quelques ajustements s’avèrent nécessaires. Cette
constatation nous permettra notamment d’utiliser les méthodologies en vigueur dans
les états-majors afin de nous intéresser aux actions asymétriques dans les champs
matériels et psychologiques.
Même si tout au long de ces deux premières parties nous nous sommes efforcés de
mettre en évidence le rôle et l'influence des TIC dans la notion de pouvoir, la troisième
partie se concentre sur la problématique technologique, en se fondant sur les notions
développées au préalable. Ainsi, le chapitre 8 s’intéresse à la notion de Révolution des
20
Affaires Militaires (RMA) et aux implications du développement des TIC sur la conduite
des conflits.
Le chapitre 9, quant à lui, se focalise, via la méthodologie de l’étude sociale des
entreprises, sur l'influence des TIC sur l'organisation des forces belligérantes ; leur
adaptation aux modes d’action utilisés dont les évolutions font l’objet du chapitre 10.
Enfin, le chapitre 11 met en évidence, à partir des méthodes de travail des états-
majors, le fait que les conflits asymétriques suivent les mêmes règles que les conflits
traditionnels et comment les TIC sont cependant des amplificateurs des capacités
20
détenues par les adversaires.
En conclusion, nous pouvons remarquer que les TIC sont non seulement des
moyens utilisés par les différents acteurs dans le cadre des conflits asymétriques, mais
sont également des créateurs d’asymétrie. Ce qui nous conduira à nous interroger sur
le fait que les conflits asymétriques sont peut-être l'expression d'une nouvelle forme de
système politique autre que l’Etat-nation dont l’émergence pourrait être liée au
phénomène de globalisation ou de mondialisation auquel nous assistons.
La majorité des travaux a été conduite au sein du ministère de la Défense avec le
souci permanent de mettre à la disposition des lecteurs externes à l’institution un
maximum d’informations et de réflexions stratégiques et opérationnelles. Le caractère
sensible du domaine, l’actualité
21
de certaines problématiques et donc le manque de
recul n’en facilitent pas, hélas, le recueil et la diffusion.
20
Ce terme est utilisé dans l’acception de la doctrine militaire française. Nous approfondirons la
définition de ce terme dans le chapitre 2.
21
Vu la correspondance avec l’actualité de certains sujets traités, il nous a paru indispensable
d’arrêter l’analyse de l’actualité au mois de mars 2003, même si dans la conclusion nous
traiterons d’événements beaucoup plus récents.
21
Convaincus de la nécessité de permettre à tout le monde d’accéder aux travaux
académiques, nous n’avons utilisé que des sources de documentation ouvertes. Ce
choix a, par ailleurs, compliqué la recherche documentaire. Par exemple, il existe
nombre de rapports d’études gouvernementaux sur la menace terroriste, ses capacités
et ses cibles. Leur exploitation aurait présenté un intérêt manifeste, mais il n’a pas été
possible d’y accéder ou d’en utiliser les conclusions en raison de leur confidentialité.
En revanche, cette difficulté nous a contraints à approfondir nos recherches dans les
ouvrages classiques de stratégie militaire ainsi que dans des ouvrages techniques et
d’analyse politologique pour y trouver les réponses à nos interrogations ou, à défaut,
une méthodologie.
Enfin, les idées et les conclusions proposées dans ce travail sont celles de l’auteur,
aucune concordance n’a été délibérément recherchée avec la position officielle d’un
quelconque ministère de la Défense même si, pour analyser les doctrines, les
directives et les concepts d’emploi en vigueur dans les armées, nous avons eu recours
aux manuels officiels français et américains ainsi que ceux de l’OTAN.