La frontière des catégories vulnérables: promouvoir les droits, l’agentivation et le renforcement des capacités pour favoriser la croissance sociale inclusive

La République de Madagascar est le cinquième État insulaire plus grand de la planète, situé au sud du continent africain duquel est séparé par le canal du Mozambique. Madagascar a un potentiel économique et d’attraction des investissements extraordinaire en raison de ses richesses naturelles abondantes, sa position géographique et son accès préférentiel aux marchés mondiaux du fait des accords commerciaux auxquels le pays est partie.

Même si le pays bénéficie d’une position géographique qui peut servir de porte d’entrée pour l’Afrique, spécialement depuis l’Asie, une série de facteurs freinent son décollage économique, notamment l’instabilité politique et le manque de continuité des stratégies de développement qui en résulte. En fait, même si Madagascar possède un grand potentiel, le pays a pris du retard sur plusieurs indicateurs de développement : près de 80 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour, un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre d’un retard de croissance et Madagascar est le cinquième pays au monde avec le plus grand nombre d’enfants non scolarisés. Par ailleurs, le taux d'accès à l’électricité est de 13 %, soit l’un des plus bas de la planète.

Madagascar est également l’un des pays les plus exposés aux phénomènes météorologiques et subit en moyenne trois catastrophes naturelles majeures par an.

En outre, les crises politiques à répétition, la dernière ayant secoué le pays de 2009 à 2013, remettent souvent en cause les progrès réalisés en matière de développement.
La condition politique malgache est très instable : après son indépendance de la France en 1960, malgré ses richesses il reste classé parmi les États les plus pauvres de la planète. Aujourd’hui Madagascar est un État unitaire avec un système électoral du type majoritaire uninominal et un régime politique présidentiel. Cependant les Présidents de la République élus n’arrivent à terminer leur mandat électif :

« D’un côté Madagascar enregistre actuellement 120 partis politiques et plus de 300 associations indépendantes à caractère politique, dont certaines représentées au Parlement […], de l’autre côté, des soupçons profonds de détournement des voix font que le verdict officiel des urnes est toujours perçu comme résultant de fraudes, dans un pays où la justice n’a pas la confiance des justiciables et où l’administration est minée par la gangrène de la corruption ».

Du point de vue économique, la nation fait partie des pays les plus vulnérables aux aléas climatique, cela fragilise la stabilité macroéconomique et rend difficile la lutte contre la pauvreté. De plus, le renforcement de la résilience des secteurs productifs, et surtout de l’agriculture, est crucial pour assurer une croissance économique durable, bénéficiant aux plus pauvres, principales victimes des chocs climatiques. Les catastrophes naturelles qui ont touché Madagascar au début 2017 ont entraîné des dégâts humains et matériels considérables, estimés à 400 millions de dollars (4 % du PIB), dont la destruction d’un tiers de la production nationale de vanille et, enfin, l’arrivée tardive de la saison des pluies a réduit de près de 20 % de la production agricole et le déficit de production locale de riz a exercé des pressions inflationnistes au premier semestre 2017.

Pour faire face à ces chocs et soutenir la croissance économique, les autorités publiques ont ajusté leurs politiques budgétaires et monétaires. Un budget de 50 millions de dollars a été alloué dans la loi de finances rectificative de juin 2017 pour la reconstruction post-cyclonique et pour aider les régions où la sècheresse persistait, notamment pour couvrir des dépenses d’urgence dans la santé, l’éducation, la protection sociale, l’agriculture et les travaux publics. Ces dépenses additionnelles ont été principalement financées par des aides exceptionnelles obtenues par le pays pour faire face à ces chocs climatiques. Les subventions ont été augmentées pour assurer la fourniture en électricité. Par ailleurs, la politique monétaire a été resserrée au mois de mai 2017 pour contenir l’inflation. [...]