2« juridique », puisque le droit communautaire est directement applicable dans chaque
Etat membre, il est impératif que les actes législatifs de l’UE soient publiés de manière
compréhensible pour tout citoyen européen qui, y étant assujetti, a le droit de les lire
dans sa propre langue.
Or, si l’on considère que les politiciens, les fonctionnaires et ceux qui coopèrent
avec l’UE n’utilisent qu’un nombre restreint de langues (principalement le français et
l’anglais), on pourrait se demander d’où viennent tous les autres textes rédigés dans les
langues des Etats membres. Ce qui permet ce multilinguisme, c’est une opération de
transposition interlinguistique : la traduction est donc à la base même de l’existence de
l’Union. Dans notre étude, nous évoquerons la fiction juridique sur laquelle se base la
traduction des actes législatifs communautaires, qui implique la possibilité de donner à
la norme juridique une formulation identique dans chacune des langues officielles.
Chaque acte législatif serait donc rédigé, et non pas traduit, dans 23 différentes versions
linguistiques. Mais ce qui est concevable au niveau juridique n’est en fait pas possible
dans la réalité : les versions linguistiques sont le produit d’une traduction à partir d’un
texte source, qui est parfois un collage de textes dans une ou plusieurs langues (encore
une fois, principalement, l’anglais ou le français).
Au delà de ces considérations assez générales, mais qui éclairent le contexte du
problème de la traduction au sein des institutions européennes, ce qui m’a poussé à
approfondir ce sujet, c’est mon expérience de stage auprès du département de langue
italienne de la Direction Générale de la Traduction (DGT) de la Commission
européenne. Pendant une période de cinq mois, j’ai été chargé de traduire, de l’anglais
et du français en italien, un nombre considérable de documents concernant pour la
plupart les domaines de l’environnement et de l’agriculture. C’est sur ce corpus que
prend appui mon étude, et la grande majorité des nombreux exemples que je cite sont
tirés des documents sur lesquels j’ai travaillé.
Après avoir présenté les bases juridiques du multilinguisme et de son application
à l’intérieur des institutions européennes, mon analyse aborde la question du « langage
communautaire », l’eurolecte, selon un point de vue orienté à la traduction. Ce qu’il est
3intéressant d’étudier, après un bref aperçu sur son caractère de langage spécialisé, ce
sont les stratégies de sa formation. Pour présenter d’une manière claire ses
caractéristiques, on se penchera tout d’abord sur les termes ou expressions de caractère
général que l’eurolecte utilise pour les dénominations de concepts éminemment
européens. Dans cette partie, on traitera séparément les termes ou expressions qui ont
fait l’objet d’un enrichissement sémantique et ceux de caractère plus général pour
lesquels ce processus d’enrichissement ne s’est pas réalisé. Ensuite, on s’arrêtera sur les
nouvelles créations du langage européen, utiles pour dénommer une série de réalités et
d’actes juridiques nouveaux qui n’existaient pas avant les années 50. Soulignons en
passant que les nouveaux termes sont souvent créés en anglais ou en français et que les
autres langues les traduisent (le plus souvent, par des calques) de façon à ce que des
termes exactement équivalents soient disponibles dans toutes les langues. C’est de cette
pratique que naît le paradoxe de l’italien communautaire, qui est un produit « d’outre
frontière » et qui existe grâce à une opération constante de transposition
interlinguistique. La dernière partie de ce chapitre sur le langage européen sera
consacrée aux sigles et acronymes, largement utilisés au sein de l’UE. Ce qu’il est
intéressant de remarquer, c’est l’originalité de ces sigles et leur capacité à évoquer toute
une série de significations, comme le montre bien l’exemple très connu d’ERASMUS.
On prendra en considération, en outre, les problèmes de la traduction éventuelle de ces
sigles et acronymes dans des langues différentes.
Pour entrer, ensuite, dans le vif des thèmes que mon étude se propose d’analyser,
à savoir les procédés et processus de la traduction au sein de l’Union européenne, on
décrira dans le détail le service de traduction d’une institution en particulier, la
Commission européenne. Comme j’ai eu l’occasion de travailler pendant cinq mois au
département de langue italienne de la DGT, il m’a semblé très intéressant pour les buts
de ma recherche d’étudier l’organisation de cette Direction Générale, les changements
qui ont été apportés à sa structure au fil des années pour lui permettre de gérer un
nombre croissant de langues officielles ainsi que de combinaisons linguistiques (sans
oublier la présence, depuis 2007, avec l’entrée de la Bulgarie, d’un autre alphabet non
latin, qui s’ajoute au grec, introduit en 1981). On fera également quelques
considérations sur les coûts de la traduction, une question qui enflamme souvent les
4esprits, sans tenir compte que, selon une estimation, chaque contribuable européen
paierait en moyenne l’équivalent d’un cappuccino par an pour couvrir les coûts des
services de traduction de toutes les institutions européennes. Ensuite, on présentera les
outils informatiques dont se servent les traducteurs de la DGT, pour illustrer les
changements que l’activité de traduction a subis à l’ère de l’informatisation. Comme le
raconte un ancien traducteur de Bruxelles, si l’on se promène dans les couloirs de la
DGT, on n’entend plus le cliquetis des machines à écrire, ni les voix des traducteurs qui
enregistraient leurs traductions pour les faire taper ensuite par les secrétaires.
Maintenant, le silence des couloirs est à peine troublé par le bruit ouaté de la pression
des doigts sur les claviers des ordinateurs. Maintenant, les dictionnaires et les glossaires
sur papier sont remplacés par des bases des données terminologiques, des outils de
métarecherche, des logiciels pour le stockage informatique des traductions et pour la
gestion du travail de la DGT. Il est donc intéressant de voir de près le fonctionnement
des outils informatiques et des mémoires de traductions à l’avant-garde dont dispose la
DGT et qui ont été développés au sein de la Commission même. Un paragraphe sera
réservé à la traduction automatique, avec la présentation du logiciel Systran. Puisque
j’ai eu l’opportunité de m’occuper de la post-édition de documents traduits avec ce
logiciel, je discuterai les inconvénients et les avantages de la traduction automatique,
illustrés par des exemples authentiques de textes traduits. On verra également, grâce au
témoignage d’un traducteur de la DGT, pourquoi le taux d’utilisation de cet outil est si
faible dans la DGT (environ 34% du total des documents traduits), tandis qu’il est
utilisé plus souvent par les fonctionnaires non linguistes.
Après avoir présenté une première série d’exemples concrets de traduction, mon
analyse abordera plus en détail le travail de transposition interlinguistique que doit
accomplir le traducteur européen. Pour introduire ce dernier chapitre de mon mémoire,
qui est, si l’on veut, le plus original puisqu’il se base sur des réflexions personnelles en
adoptant une approche très pragmatique, je voudrais souligner un aspect qui pourrait
sembler une évidence mais qui n’est pas toujours pris en considération. Il s’agit du fait
que le travail du traducteur « des institutions européennes », et de la Commission en
particulier, ne concerne pas seulement des textes de caractère législatif, qui par ailleurs
ont déjà fait l’objet de nombreuses études, mais aussi des textes destinés au grand public
5que l’UE publie sur son site EUROPA ainsi que des brochures de caractère informatif
dont le but est de faire connaître aux citoyens européens les actions, les politiques et les
interventions de l’UE dans les domaines qui les concernent. Les types de textes qu’un
traducteur communautaire est amené à traduire sont donc très variés, et chaque fois le
style et le niveau de langue doivent être appropriés au texte en question et au public
auquel il est destiné. Pour cette raison, et puisque mon corpus contient des documents
assez hétérogènes (textes législatifs parus dans le Journal Officiel de l’Union
européenne, brochures, articles de caractère informatif publiés sur le site EUROPA,
fiches SCADPlus qui présentent des synthèses de la législation de l’UE), j’ai choisi de
mener une analyse transversale. Une étude consacrée aux documents issus du Comité
économique et social (COSMAI 2003 ; voir aussi GIAMBAGLI 1992), qui prend en
considération trois différents niveaux expressifs – formules standardisées, terminologie
technique et texte libre – nous fournira les grandes lignes pour l’analyse de notre
corpus. En ce qui concerne les formules standardisées, le traducteur n’a presque aucune
liberté de choix : si un texte contient des expressions fixes, celles-ci doivent toujours
être traduites de la même façon. Dans le cas de la terminologie technique, vu le grand
nombre de domaines dans lesquels l’UE intervient et vu le rôle de la Commission
comme initiateur du droit, le traducteur se trouve souvent face à des problèmes
terminologiques qui demandent des recherches approfondies et une attention
particulière à la précision. En revanche, le texte libre donne au traducteur une certaine
liberté, qui peut s’exercer principalement dans les documents à caractère informatif.
Nous allons présenter et commenter certains choix du traducteur italien concernant le
langage métaphorique, les jeux de mots et, pour la syntaxe, la traduction de l’anglais des
épithètes en chaîne, non sans ajouter quelques considérations stylistiques. Dans chaque
partie de ce dernier chapitre, nous prendrons également en considération le rôle que
peuvent concrètement jouer, dans le processus de traduction, les outils informatiques
d’aide à la traduction présentés dans le chapitre précédent.
71. Le multilinguisme dans l’Union européenne.
Considérations et reflets sur la traduction
Inspector Cabillot est el autentiquo
europeano polizero qui fighte contra
el mal por eine Europa van pax und
prosperity donde se speake eine sola
lingua: de Europanto.
Diego Marani, Las adventures des
inspector Cabillot
1
1.1. Introduction. Après les derniers élargissements
Après l’entrée de deux nouveaux pays, la Bulgarie et la Roumanie, dans l’Union
européenne
2
, qui compte à l’heure actuelle 27 Etats membres, l’attention de l’opinion
publique s’est à nouveau concentré sur le thème du multilinguisme. C’est pour cette
raison que j’ai voulu mettre en exergue de ce premier chapitre une phrase en
« europanto », une nouvelle langue créée par Diego Marani, interprète au Conseil de
l’Union européenne, comme parodie de l’esperanto. La particularité la plus appréciée de
1
1999, Mazarine, Paris.
2
Le terme “Union européenne” a été introduit par le Traité sur l’Union européenne (TUE), signé à
Maastricht le 7 février 1992 et entré en vigueur le 1
er
novembre 1993. Avec ce Traité, on dépasse
l’objectif économique initial de la Communauté et c’est la volonté politique qui s’affiche. L’Union
européenne est en effet constituée par trois piliers. Le premier comprend les « Communautés
européennes », c'est-à-dire, la Communauté économique européenne (CEE), qui devient Communauté
européenne (CE) avec le TUE ; la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom) ;
et la Communauté du charbon et de l’acier (CECA). Le deuxième instaure la Politique étrangère et de
sécurité commune (PESC) et le troisième concerne la coopération dans les domaines de la justice et des
affaires intérieures (JAI) (voir DRAETTA 2004 : 32). Il faut remarquer aussi que les relations dans les
domaines concernés par le premier pilier se sont concrétisées dès le début dans des organisations
internationales dotées de personnalité juridique internationale et d’organismes qui poursuivent les intérêts
généraux des Etats membres, tandis que les relations concernées par les deuxième et troisième piliers sont
conçues comme des collaborations entre les gouvernements, où les Etats membres représentent leurs
8l’europanto est qu’on peut l’apprendre sans l’étudier, puisqu’il suffit de s’exprimer dans
sa propre langue et de la truffer de termes des langues étrangères que l’on connaît. On a
donc la possibilité d’être compris par un nombre plus grand de personnes tout en
gardant comme base notre langue maternelle. Peut-être, l’europanto ne deviendra-t-il
jamais la langue officielle de l’Europe, mais selon moi il représente d’une façon très
claire ce qu’est le multilinguisme en Europe : un mélange non seulement de langues
mais de cultures, la base de « l’unité dans la diversité
3
» qui constitue la devise de
l’Union européenne et dont l’élément le plus caractéristique est justement la multitude
des langues parlées en Europe (voir COSMAI 2003 : 1). Ce multilinguisme a été souvent
associé au mythe de la tour de Babel, lieu de désordre et de confusion par antonomase
(voir MORI 2001 : 51), notamment à propos du « conflit entre deux légitimités, celle de
la diversité linguistique et celle de la réduction des langues de communication au nom
de l’efficacité de l’action » (GRASPE 2002 : 9). A l’occasion de l’entrée de la Bulgarie et
de la Roumanie, au début de l’année 2007, un article paru dans un magazine italien
évoquait la métaphore de « Babel » non seulement à propos des langues mais des usages
et coutumes des 40 mille personnes qui forment l’« Euroville » à l’intérieur de la ville
de Bruxelles (voir BIANCHI 2007 : 76). A cette image disphorique, d’autres ont opposé
celle du Jardin d’Eden, où l’égalité
4
entre les langues communautaires devient la
condicio sine qua non pour l’acceptation de l’identité et de la culture de l’autre (voir
HEYNOLD 1999 : 5 ; MORI 2001 : 51). Pour d’autres encore, la richesse des langues de
l’Europe constitue l’atout de l’Union et le fonctionnement même d’institutions
5
réunissant des milliers de fonctionnaires de traditions culturelles et linguistiques
extrêmement différentes constitue un « considerable achievement », une conquête
considérable (COULMAS 1991 : 2). Le multilinguisme devrait donc être considéré plutôt
comme une incitation que comme un obstacle, et c’est pour cette raison que l’Union
intérêts particuliers. Dans mon mémoire, j’utiliserai les termes « Union européenne », « Union »,
«Communauté européenne » et « Communautés européennes » comme synonymes.
3
Cette devise, qui a été officiellement proclamée à Bruxelles le 4 mai 2000, a été choisie suite au
concours « Une devise pour l'Europe » auquel ont participé 80 000 jeunes.
4
On reviendra par la suite sur le régime multilingue de l’Union européenne et sur le concept d’« égalité »
entre les langues officielles.
5
Selon le Titre I de la cinquième partie de la version consolidée du Traité instituant la Communauté
européenne, les institutions de la Communauté ne sont que cinq, à savoir : le Parlement européen, le
Conseil, la Commission, la Cour de justice et la Cour des Comptes. Le Comité économique et social et le
Comité des régions ont un caractère consultatif.
9européenne cherche à maintenir et à défendre les identités nationales (voir COSMAI
2003 : 2)
6
.
Le 1
er
janvier 2007 marque un nouveau progrès de l’Union européenne : deux
autres pays viennent encore s’ajouter, et l’Union en arrive à comprendre 27 Etats
membres, chiffre inconcevable jusqu’à il y a quelques années. Deux événements
remarquables caractérisent ce nouvel élargissement. Tout d’abord, le fait que le
multilinguisme a été institué en un portefeuille distinct afin de mettre en avant sa
dimension politique dans l'Union eu égard à son importance pour la formation initiale et
continue, la compétitivité économique, l'emploi, la justice, la liberté et la sécurité
7
. La
Commission européenne élargie est maintenant composée de 27 membres
8
,
correspondant au nombre des Etats de l’UE. Les deux nouveaux commissaires sont
Meglena Cuneva, bulgare, chargée da la protection des consommateurs, et Leonard
Orban, roumain, chargé du multilinguisme, un portefeuille qui jusqu’à la fin du 2006
était compris dans celui de l’éducation, de la formation et de la culture dont était chargé
Ján Figel. Dans son discours du 27 février 2007
9
, lors de la réunion avec la Commission
de la culture et de l’instruction du Parlement européen, Leonard Orban a souligné que le
« multilinguisme était inscrit dès l’origine dans le code génétique de l’Union » et qu’il
est « un véritable atout pour la Commission sur le triple plan économique, social et
culturel ». En plus, il fait référence à sa fonction transversale et au fait qu’il doit « être
dûment pris en considération dans tous les secteurs d’activité concernés par la
préservation et la mise en valeur de la diversité linguistique d’un bout à l’autre de
l’Union».
Le deuxième fait remarquable est que, avec l’élargissement, les langues
officielles sont passées de 20 à 23, avec l’adjonction du bulgare, du roumain et de
6
Dans le Traité de Maastricht on exprime le désir « d'approfondir la solidarité entre les […] peuples [des
Etats membres] dans le respect de leur histoire, de leur culture et de leurs traditions » et à l’article 6 on
souligne que « L’Union respecte l’identité nationale de ses Etats membres ».
7
MEMO/ 07/80 du 23 février 2007.
8
Une fois le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, signé à Rome le 29 octobre 2004, entré en
vigueur la Commission sera « composée d'un nombre de membres, y compris son président et le ministre
des Affaires étrangères de l'Union, correspondant aux deux tiers du nombre d'États membres, à moins que
le Conseil européen, statuant à l'unanimité, ne décide de modifier ce nombre. » Malgré la réduction de
leur nombre, les commissaires seront « sélectionnés parmi les ressortissants des États membres selon un
système de rotation égale entre les États membres ».
9
http://ec.europa.eu/commission_barroso/orban/policies/doc/sp_070227_FR.pdf.
10
l’irlandais
10
. Si en 2001 on se posait déjà des questions sur le fonctionnement de
l’Europe avec plus de 11 langues (voir CUNNINGHAM 2001)
11
, maintenant on en compte
23, et pourtant tout semble fonctionner sans entraves. Il reste toutefois le problème de la
« politique linguistique » de l’Union qui, selon COSMAI (2003 : 2), est une « non
question » parce que les pères fondateurs se sont limités à trouver des palliatifs
juridiques qui sont restés inaltérés pendant les années. A son tour, FELLONI (2004 : 3)
fait référence à plusieurs études sur ce thème et souligne qu’il est difficile de pouvoir
parler d’une vraie politique pour le multilinguisme puisque l’UE s’est pratiquement
limitée à affirmer l’égalité entre les langues officielles et à en augmenter le nombre
après chaque élargissement, sans adopter des décisions cohérentes en la matière. Il
conviendrait donc de parler de « politiques linguistiques », au pluriel, parce que les
décisions prises en cette matière sont essentiellement une manifestation des intérêts
particuliers de chaque Etat membre et ne concernent presque pas l’autorité
supranationale de l’Union.
10
Le Code de rédaction interinstitutionnel (publications.europa.eu/code/fr/fr-000300.htm) souligne que
les termes « irlandais » et « gaélique » ne sont pas synonymes vu que ce dernier désigne le groupe des
parlers celtiques d’Irlande et d’Écosse, tandis que l’irlandais désigne le groupes de parlers celtiques
d’Irlande. Le Code souligne en outre que la première langue officielle de l’Irlande est l’irlandais
(l’anglais ayant le statut de seconde langue officielle). A propos de cette dernière langue, il faut souligner
qu’elle fait l’objet d’un régime spécial, étalé sur cinq ans à compter du 1
er
janvier 2007, qui prévoit que
seuls les règlements adoptés conjointement par le Parlement européen et le Conseil seront traduits en
irlandais. L’article 2 du règlement (CE) n° 920/2005 du Conseil du 13 juin 2005 (Journal Officiel L 156
du 18.6.2005, p. 3) prescrit que : « À titre de dérogation au règlement n. 1 et pour une période
renouvelable de cinq ans à compter du jour où le présent règlement s’applique, les institutions de l’Union
européenne ne sont pas liées par l’obligation de rédiger tous les actes en irlandais et de les publier dans
cette langue au Journal officiel de l’Union européenne. Le présent article ne s’applique pas aux
règlements adoptés conjointement par le Parlement européen et le Conseil.» Selon LABRIE (1993 : 78), le
fait que l’irlandais est devenu l’une des langues officielles presque 50 ans après l’institution de la CEE,
même s’il est la première langue officielle de la République d’Irlande, pourrait être « attribuable à la
faible proportion d’Irlandais qui parlent cette langue sur une base quotidienne, même en Irlande ». Il
convient de remarquer, à ce propos, que le maltais aussi se trouve dans une condition particulière, même
s’il est devenu langue officielle en 2004 : le règlement (CE) n. 930/2004 (Journal officiel L 169 du
1.5.2004, pp. 1-2) prévoit en effet que « pour une période de trois ans à compter du 1
er
mai 2004, les
institutions de l'Union européenne ne sont pas liées par l'obligation de rédiger tous les actes en maltais et
de les publier dans cette langue au Journal officiel de l'Union européenne ».
11
Le titre de son article « Can we cope with more than 11 languages » explique bien le défi que
l’élargissement « linguistique » aurait représenté pour l’Union européenne.