3
INTRODUCTION : LE CONTEXTE LITTÉRAIRE FRANÇAIS
D’AUJOURD’HUI
Mettez de côté les lourds manuels d’histoire littéraire centrés sur les
auteurs consacrés par le temps, scandés par les différentes saisons littéraires, à
partir des origines jusqu’au XX
e
siècle. Ce travail va se focaliser sur le roman
français au présent. Si, au début des années quatre-vingt-dix, le nombre des
critiques qui avaient consacré leurs études à la littérature française actuelle était
limité, au fil des années ce nombre s’est multiplié. Ce domaine de recherche
académique vise à découvrir les derniers produits du marché littéraire
francophone
2
, et surtout à distinguer les produits dignes de prégnance littéraire de
ceux qui n’en sont pas pourvus. Selon Matteo Majorano, la littérature française de
l’extrême contemporain a acquis au fur et à mesure une physionomie précise et
une autonomie évidente
3
, tout en retenant l’héritage culturel des siècles passés.
Comme le dit Michel Chaillou, « l’extrême contemporain, c’est mettre tous les
siècles ensemble »
4
.
Après le Nouveau Roman, qui pourtant réunit sous cette labellisation des
auteurs aussi importants que différents, les romanciers français choisissent dès
lors des voies autonomes et des parcours individuels. Hormis les références
contraignantes, c’est aux lecteurs – et aux critiques littéraires en tant que lecteurs ˗
d’aller à la découverte de chaque texte, de chaque auteur.
Au début des années quatre-vingt a lieu un renouveau esthétique qui met
en question la conception d’acte littéraire, à partir duquel on peut envisager le
2
Dominique Viart s’interroge sur les définitions de littérature française et de littérature
francophone : « Nous avons donc dû inventer nos critères de partage selon des paramètres
essentiellement littéraires : publication et réception. Publication : car c’est un trait discriminant que
celui de l’éditeur. Selon que l’écrivain publie la première édition de ses livres en son pays ou en
France, il ne se destine pas exactement au mêmes lecteurs. Lorsque Jean-Philippe Toussaint,
Amélie Nothomb ou Eugène Savitzkaya font paraître leurs livres en France, ils écrivent à
l’intérieur de la littérature française, quel que soit le sentiment qui les attache à la Belgique.
Réception : car le lectorat français reçoit ses écrivains sans faire aucune différence entre eux et les
autres », Dominique Viart, Bruno Vercier, La littérature française au présent. Héritage,
modernité, mutations, 2
e
édition augmentée, Paris, Bordas, 2008, p. 10.
3
Matteo Majorano (ed.), Nuove solitudini. Mutamenti delle relazioni nell’ultima narrativa
francese, Macerata, Quodlibet, “Ultracontemporanea”, 2012, p. 12.
4
Dominique Viart, Bruno Vercier, La littérature française au présent…, cit., p. 20.
4
roman contemporain dans ses spécificités
5
. Toutefois, il faut prendre en
considération le fait que la quantité des romans publiés défie toute analyse
exhaustive. On ne pourrait pas tout lire. Il faudrait donc choisir une approche
d’analyse discriminante et bien spécifique.
Parmi les catégories possibles, Dominique Viart distingue
6
entre livres de
marché et livres plus sérieux. Or, les premiers s’inscrivent dans un artisanat qui
peut être bien maitrisé parfois, mais qui ne relève pas de l’art. Les autres textes
sont caractérisés par une vraie portée littéraire, grâce à laquelle ils ne passent pas
inaperçus, irradient les consciences et alimentent les débats. C’est une littérature
qui ne vise pas (exclusivement) à s’insérer dans le marché éditorial, mais qui met
en question sa pratique et ses formes, et qui étale courageusement l’indicible de la
vie humaine.
Pour ce faire, comme le dit Gilles Deleuze, paraphrasant la pensée de
Marcel Proust
7
, l’écrivain « invente dans la langue une nouvelle langue, une
langue étrangère en quelque sorte »
8
. L’écrivain force donc la langue « hors de ses
sillons coutumiers », dans le but de raconter, à travers un usage tout à fait a-
normatif et original de la langue elle-même, la crise de la condition humaine dans
notre contexte post-moderne
9
.
Le soupçon posé par la génération précédente, comme dans l’œuvre de
Nathalie Sarraute
10
ou bien de Gilles Lipovetsky
11
, constitue le réservoir auquel
puisent les écrivains d’aujourd’hui. Ils se cachent derrière la voix narrative qui
gère le récit, et entreprennent une sorte de quête cognitive pour questionner une
époque incertaine marquée par l’avancée des sciences humaines (linguistique et
psychanalyse entre autres). Tout cela va de pair avec les multiples expériences sur
la forme et la fonction du roman. Il s’ensuit une redéfinition du rôle du narrateur
5
Michel Bradeau, Lakis Proguidis, Jean-Pierre Salgas, Dominique Viart, Le roman français
contemporain, Paris, Ministère des Affaires étrangères, 2002, p. 134.
6
Ibid., p. 134-138.
7
Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, édition établie par Pierre Clarac avec la collaboration
d’Yves Sandre, Paris, Gallimard, 1971.
8
Gilles Deleuze, Critica e Clinica, Milano, Cortina, 1996.
9
Cf. Jean-François Lyotard, La condizione post-moderna: rapporto sul sapere, Milano, Feltrinelli,
1985.
10
Nathalie Sarraute, L’ère du soupçon : essais sur le roman, Paris, Gallimard, 1956.
11
Gilles Lipovetsky, L’era del vuoto: saggi sull’individualismo contemporaneo, Milano, Luni,
1995.
5
face à son identité, à son histoire, à la conscience qu’il peut avoir de lui-même, et
finalement, à son inquiétude existentielle. C’est proprement la « question
subjective » dont parle Dominique Viart
12
.
Dans cette perspective, l’écriture se fait de plus en plus complexe. De
nouvelles formes sont employées dans le but d’exprimer de nouvelles
significations. La forme du texte renvoie à ce côté insaisissable de la voix qui
parle. On a affaire à une écriture en train de se faire, une écriture qui se cherche et
qui s’inscrit dans les formes nouvelles identifiées par les critiques. Récits de
filiation, fictions biographiques, fictions critiques, romans policiers, romans
historiques… à chacun son genre. Et pourtant, le trait d’union est notamment le
manque d’une intrigue établie d’avance : le roman devient le lieu d’une réflexion
avançante. Travail de l’écriture et enjeux de l’œuvre concourent donc à la mise en
question des « stabilités installées »
13
. Dans un contexte où les valeurs d’antan ont
disparu, le sujet essaie de comprendre son temps, son passé, d’interroger son
rapport au monde et aux autres.
Ce rapport ne peut que passer par le corps, par la médiation des sensations
physiques, parfois élaborées en sentiments. L’écriture littéraire devient donc le
moyen pour faire entendre et voir le monde à travers le corps. En effet, depuis les
années soixante-dix la fiction contemporaine met en évidence l’importance du
corps, de la littérature féminine à la littérature gay, en passant par la littérature
érotique. Il faut quand-même laisser de côté les romans de gare et focaliser sur les
rares écrivains qui tentent d’écrire, par une délicatesse toute littéraire, le corps, le
sexe et le désir sans être banals. Corps et sentiments sont étroitement liés dans la
littérature de l’extrême contemporain. On verra de quelle façon.
12
Dominique Viart, Écrire avec le soupçon, in Michel Bradeau, Lakis Proguidis, Jean-Pierre
Salgas, Dominique Viart, Le roman français contemporain, cit., p. 142.
13
Dominique Viart, Bruno Vercier, La littérature française au présent…, cit., p.13.
6
CHAPITRE 1
ÉMOTIONS, SENTIMENTS, CORPS
1.1 DÉFINITIONS
Nous voudrions commencer ce travail par des définitions de façon à
encadrer les sujets qui constituent le point de départ de notre recherche dans la
perspective de l’extrême contemporain.
Tout d’abord, il faut mettre en évidence le fait que, à travers les mots,
l’homme a toujours réussi à maîtriser la réalité qu’il avait sous les yeux. C’est
ainsi qu’il a, depuis des siècles, une conscience plus claire de ce qui lui arrive. Les
formes verbales lui permettent de partager ses expériences avec les autres
membres de la communauté dont il fait partie. Les dictionnaires constituent, de ce
point de vue, un trésor culturel, historique et social immense. Voyons donc
comment les différentes typologies de dictionnaire définissent les mots
« sentiment » et « émotion ».
Le Dictionnaire étymologique de la langue française
14
relie le substantif
« émotion » au verbe correspondant :
ÉMOUVOIR. Jusqu’au XVII
e
s. signifie aussi « mettre en mouvement ». Lat. pop.
*exmŏvēre, lat. class. emŏvēre, qui signifie surtout « mettre en mouvement », d’où le sens
d’ « émouvoir » a dû se développer à basse ép. […]
Le mot « sentiment » est d’ailleurs présenté comme un dérivé du verbe
« sentir » :
SENTIR . Lat. sentīre. It. sentire, esp. sentir. Le sens d’ « exhaler une odeur ». XIV
e
(E.
Deschamps) est issu facilement de celui de « percevoir une odeur » […] – Dér. : senteur, 1375 ; cf.
de même it. sentore ; sentiment, 1314, réfection de l’a. fr. sentement, XII
e
, qui a survécu jusqu’au
XVI
e
s., v. sentimental ; ressentir, XIII
e
, d’où ressentiment, 1580 : antér. ressentement, XIV
e
.
14
Oscar Bloch, Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris,
Presses universitaires de France, 1932, édition revue et augmentée en 1968.
7
L e Trésor de la langue française
15
propose une illustration élargie des
acceptions des termes « émotion » et « sentiment », dans le but de distinguer
nettement les notions auxquelles ils renvoient :
ÉMOTION […] B. – Conduite réactive, réflexe, involontaire vécue simultanément au
niveau du corps d’une manière plus ou moins violente et affectivement sur le mode du plaisir ou
de la douleur. Éprouver, ressentir une émotion. La plupart des émotions sont grosses de mille
sensations, sentiments ou idées qui les pénètrent (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 26) […]
1. [La cause de l’émotion est extérieure au sujet] Bouleversement, secousse, saisissement qui
rompent la tranquillité, se manifestent par des modifications physiologiques violentes, parfois
explosives ou paralysantes. […] 2. [La cause de l’émotion n’est pas seulement extérieure] a) [Elles
est alimentée par les différents niveaux de la sensibilité, du sentiment et des passions propres à la
personnalité du sujet] L’émotion de l’inquiétude, de la joie. L’amour est un art, comme la
musique. Il donne des émotions du même ordre (LOUŸS, Aphrodite, 1896, p.16).
SENTIMENT […] I. – Domaine des sens (excepté la vue et l’ouïe)
A. – Vieilli. Faculté de sentir, de percevoir une sensation. […] – En partic. Conscience que l’on a
de soi et du monde extérieur […]
III. – Domaine de l’affectivité
A. – 1. État affectif complexe, assez stable et durable, composé d’éléments intellectuels, émotifs
ou moraux, et qui concerne soit le « moi » (orgueil, jalousie…) soit autrui (amour, envie, haine…).
[…] B. – Absolument
1. Sensibilité de l’homme, sa disposition à être ému, touché. […] 2. Ensemble des états affectifs
et, en partic. , des états affectifs altruistes visant le bien de l’humanité […] 3. Qualité de la
sensibilité artistique chez une personne, un artiste.
Le dictionnaire du corps
16
ne présente pas l’entrée « sentiment », mais une
définition exhaustive du mot « émotion » :
ÉMOTION : Anthropologie des émotions. L’anthropologie propose une approche
symbolique du corps et du visage, la relativité des émotions ou des sentiments selon les situations
sociales et culturelles. […] L’émotion n’a pas de réalité en soi, ce n’est pas la nature de l’homme
qui parle en elle, mais ses conditions sociales d’existence, qui se traduisent alors par des
modifications physiologiques et psychologiques. […] elle n’est pas spontanée, mais rituellement
organisée […] L’émotion […] une tonalité affective qui ne cesse de se modifier chaque fois que le
rapport au monde se transforme […] elle est souvent mêlée, oscillant d’un ton à un autre, marquée
15
Paul Imbs (sous la direction de), Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue du
XIX et du XX siècle (1789-1960), Paris, Centre National de la Recherche Scientifique, 1979 (tome
7), 1986 (tome 12), 1992 (tome 15).
16
Michela Marzano (sous la direction de), Dictionnaire du corps, Paris, Presses Universitaires de
France, 2007, p. 333-341.
8
d’ambivalence […] elle est souvent un mélange insaisissable, dont l’intensité ne cesse de varier et
de se traduire plus ou moins fidèlement dans l’attitude de l’individu […] Le détour
anthropologique montre la relativité culturelle des ethos. (David Le Breton).
Philosophie et psychologie des émotions. L’émotion est comme une musique de fond de
notre existence. Il faut rappeler […] que l’émotion est un élément essentiel de la manière dont
nous vivons notre vie. Il y a les émotions fortes […] celles qui marquent, qui deviennent des jalons
de la mémoire personnelle : les grandes joies, les peines et les peurs – nous avons tous notre
répertoire personnel, qui se confond avec notre histoire. Il y aussi des émotions plus modestes,
celles qui font le climat émotionnel de chaque jour, sorte de basse continue sur lesquelles se
détachent des émotions plus saillantes, accompagnant les gestes quotidiens. Elles font la chair et la
couleur de la vie.
C’est un matériau privilégié pour la création artistique […] un des ressorts principaux de
la littérature […] Selon lui (R. de Sousa, 1987), […] l’émotion […] est un phénomène conscient,
mais qui comporte plus de manifestations corporelles envahissantes que d’autres états conscients
[…] A. Damasio (2003) considère que les émotions ne sont pas un facteur de perturbation de
l’action rationnelle, ni un luxe inoffensif : elles ont une fonction vitale. Pour lui, « la faculté de
raisonner s’est probablement développée au cours de l’évolution sous l’égide de mécanismes de
régulation biologique qui se traduisent notamment par la capacité d’exprimer et de ressentir des
émotions ». L’émotion fait partie des stratégies adaptatives qui permettent aux organismes vivants
de résoudre automatiquement, sans recourir au raisonnement, les problèmes de base auxquels ils
sont confrontés dans leur environnement. Les processus émotionnels […] ont une fonction de
régulation homéostatique. […] Le corps joue une même partition comportamentale innée, mais
chaque individu en donne des interprétations légèrement différentes, en fonction de son expérience
et de sa culture. […] des théories culturalistes […] considèrent que les émotions sont le produit de
la culture plus que de la nature. […] Pour un anthropologue comme Le Breton, l’émotion est
socialement construite […]. Le corps n’est plus l’origine des émotions […] mais il est toujours le
lieu de leur expression. Il reste central […] il n’extériorise pas sa nature, il exprime une culture.
[…] La question de la simulation et du dualisme […] est révélatrice du rôle central du corps dans
l’émotion, et de l’impossibilité de séparer la question de l’émotion de celle de son expression dans
et par le corps. (Marc Kirsch)
À la lumière de ces définitions, on peut considérer que la vie humaine est
caractérisée par une suite continue d’états intérieurs multiples qui changent
rapidement d’intensité et de durée dans notre conscience, affectant aussi notre
corps et notre être-au-monde. Ces états intérieurs sont proprement les émotions
comme la peur, la colère, le dégoût. Les sentiments sont des états plus durables
qui sont élaborés par notre volonté à partir des sensations qui viennent du monde
extérieur. Ils naissent d’une manière moins brutale que les émotions et conservent
9
une stabilité plus grande dans le temps. Émotions et sentiments sont des états qui
affectent l’âme, mais qui entretiennent aussi un rapport avec le corps.
C’est dans cette perspective qu’on parle de passion, toutes les passions
impliquant inévitablement le corps. Le mot « passion », en effet, vient du latin
passio qui signifie « souffrance physique »
17
. Ce sens primitif du mot qui dérive
de « pâtir » indique un caractère passif, en général tout ce qui est subi par l’animal
et l’homme
18
. À ce propos , le Trésor offre, parmi d’autres nuances
d’interprétation, l’idée de passion-passivité
19
. Pour revenir au domaine de
l’affectivité, Marie Thérèse Jacquet affirme que la passion regroupe « un
ensemble de composantes à la fois psychiques et somatiques (affect, réactions
viscérales, musculaires, endocriniennes, expressives, motivationnelles, etc.)
présentes en proportions variable selon les cas »
20
.
Dans le sillon de Charles Darwin, Antonio R. Damasio propose dans son
ouvrage
21
l’étude de six émotions primaires – indépendantes de la culture
d’appartenance, et dont les manifestations remontent à la naissance – à savoir la
peur, la colère, la tristesse, le dégoût, la surprise et la joie. Elles ne sont que la
réaction instantanée aux sensations qui arrivent du monde extérieur. Antonio R.
Damasio remarque aussi l’existence d’autres émotions, dites secondaires et
connues aussi pour être des émotions sociales. Elles varient de culture à culture,
de niveau social à niveau social, voire d’individu à individu
22
. Il s’agit, entre
17
« PASSION, X
e
(Saint-Léger), au sens de « souffrance », encore chez Montaigne, spéc. en
parlant du supplice de Jésus-Christ ; au sens de « mouvement de l’âme », 1538, une 1
re
fois au
XIII
e
. Empr. du lat. de basse ép. et eccl. passio. », Oscar Bloch, Walther von Wartburg,
Dictionnaire étymologique de la langue française, cit., p. 466.
18
Jean-Didier Vincent, Biologie des passions, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 19.
19
« [Le plus souvent dans un cont. métaph., p. allus. à la Passion du Christ ; gén. avec une
majuscule] Ce qui est subi, supporté de très pénible ; grande souffrance (généralement corporelle),
tourment. […] Chez Aristote, celle des dix catégories (gr. pathos) qui désigne l’accident consistant
à subir une action (MORF., Philos., 1980) », Paul Imbs (sous la direction de), Trésor de la langue
française. Dictionnaire de la langue du XIX et du XX siècle (1789-1960), Tome 12, Paris, Centre
national de la recherche scientifique, 1979, p. 1136.
20
Marie Thérèse Jacquet, Pour une définition du sentiment, in Matteo Majorano (ed.), Il ritorno
dei sentimenti, Macerata, Quodlibet, “Ultracontemporaneaˮ, 2014, p. 35.
21
Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions, trad. fr.,
Paris, Odile Jacob, 2003, p. 49.
22
Norbert Elias est persuadé que sociétés différentes produisent cultures émotionnelles différentes,
et que chaque couche sociale a ses propres règles émotionnelles. Les transformations socio-
économiques vont de pair avec l’interprétation du sens des émotions et avec les formes les plus
adéquates pour les exprimer. George Simmel aussi a souligné comment l’essor du capitalisme a
changé nos façons de sentir et d’exprimer les sentiments. Pour en savoir plus, Norbert Elias, La
civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973 et Georg Simmel, La metropoli e la vita dello